Mes objectifs
Découvrir, observer et étudier cette faune si particulière dans son milieu naturel ou dans des laboratoires dispersés fut pour moi source d’un grand enrichissement personnel. De longues années de recherches et de contacts incessants avec les scientifiques et la communauté médicale furent nécessaires, entrecoupées de diverses expéditions, parfois pénibles, parfois périlleuses, souvent aussi ponctuées de déboires mais toujours remplies d’émotions. Avec le recul, ces expériences se sont avérées indispensables afin que je m’imprègne de réalités qu’il m’aurait été difficile de percevoir autrement. Ce travail de fond m’a permis d’apprécier et de connaître progressivement la richesse et la complexité des écosystèmes amazoniens ou guyanais. A travers de la faune bien particulière que j’ai choisi d’aborder ici, j’ai pu ainsi mieux appréhender le comportement de certains animaux, jugés arbitrairement comme dangereux ou nuisibles pour l’être humain.
En dirigeant entièrement cette collection, mon ambition s’est concentrée essentiellement sur trois plans. Sur un plan scientifique, j’ai tenté de donner une vision pratique et réaliste de la faune concernée, au travers d’une iconographie que je pense être incomparable enrichie de petites vidéos. Au niveau médical, j’ai essayé de répondre le plus concrètement possible aux questions que se posent légitimement de nombreuses personnes qui ne trouvaient pas de réponses adaptées à leurs préoccupations de terrain. A ces deux objectifs s’en ajoute un troisième, au moins aussi stimulant à mes yeux, celui de faire en sorte que mon travail ne demeure pas confidentiel et ne serve uniquement à une « élite scientifique ».
Je caresse en effet l’espoir qu’il soit un jour accessible au plus grand nombre et notamment aux étudiants sud-américains, souvent privés, par manque de moyens pédagogiques et financiers, d’une connaissance de leur environnement immédiat à laquelle pourtant ils doivent être les premiers à prétendre pour le bien-être de tous.
Certaines photographies contenues dans cette collection pourront heurter les sensibilités. Toutefois, il ne s’agit ni d’un voyeurisme malsain ni de montrer du doigt des espèces qui, hormis peut-être certains invertébrés parasites, ne méritent pas la mauvaise réputation qu’on leur attribue. Ces espèces peuplaient la Terre bien avant l’apparition des premiers hommes et leur rôle est donc fondamental dans la formation de la vie. Certaines d’entre elles ne nous sont apparues agressives ou nuisibles que lorsque nous avons commencé à perturber leur comportement naturel en empiétant sur leur territoire. Apprendre à les observer et à les connaître, c’est aussi apprendre à mieux nous en protéger sans pour autant les détruire inutilement.
De tous les animaux, l’homme est devenu de toute évidence par son inconscience le plus dangereux et le plus destructeur. En défrichant anarchiquement et à grande échelle les forêts tropicales et en domestiquant leurs cours d’eau, l’homme moderne pense assainir un biotope qu’il juge le plus souvent hostile à son propre développement.
Par une colonisation incontrôlée, il ne fait qu’accentuer la détérioration de la planète en provoquant par la déforestation l’extension de la famine et des maladies tout en entraînant des bouleversements écologiques irréversibles liés à une trop forte pression anthropique.
Je ne saurais trop insister sur le fait que la majorité de ces « animaux à risques », vertébrés ou invertébrés, revêt une importance majeure dans l’équilibre et la dynamique des forêts tropicales en tant qu’agents de pollinisation, disséminateurs de graines ou décomposeurs des détritus organiques, contribuant ainsi largement au recyclage des nutriments. D’autres, comme de nombreux mammifères, reptiles, amphibiens, poissons et arthropodes, sont en danger d’extinction à cause d’une intervention humaine trop importante. Dans l’iconographie présentée, aussi bien en toxicologie qu’en parasitologie ou en traumatologie, il m’a paru parfois intéressant d’inclure certaines espèces non dangereuses mais qui, par leur comportement, par leur forme et/ou par leur coloration mimétique, peuvent engendrer des méprises.
C’est dans l’optique d’une meilleure approche et d’une meilleure sensibilisation à leur contact que j’ai volontairement choisi d’élargir le champ d’investigations les concernant, en évitant la stigmatisation si j’avais seulement traité de l’aspect médical ou vétérinaire. C’est pourquoi j’ai intégré, quand cela m’a paru possible et/ou opportun, des notions sur la systématique, la morphologie et l’anatomie, l’écologie et la répartition, l’éthologie, les modes alimentaires, l’utilisation anthropologique, les mesures de protection pour l’homme et de préservation pour l’espèce incriminée. J’ai aussi parfois traité des mythes et des réalités. J’ai enfin mentionné les noms vernaculaires par pays et parfois par régions et une liste de publications thématiques permettant aux lecteurs de s’orienter au besoin vers des sources d’information plus spécifiques, qu’elles soient de nature livresque ou issues du web.