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Mes principes éditoriaux


Pour me lancer seul dans ce travail considérable, je me suis modestement inspiré de la vie de 3 hommes admirables, dont l’œuvre et/ou l’engagement, à mon sens, ont été déterminants pour leur époque. En premier lieu, le baron allemand Alexander Von Humboldt, naturaliste, climatologue, géologue et biogéographe (1769-1859). Ce savant universellement reconnu, riche par sa naissance, mourut avec les honneurs mais fut contraint, faute d’éditeur, de sacrifier son patrimoine pour publier les résultats de ses travaux encyclopédiques (Simon Bolivar, « El Libertador »,  n’avait-il d’ailleurs pas dit un jour de lui qu’il avait plus fait pour les Amériques que tous les conquistadores réunis). En second lieu, Daniel Alcides Carrión (1857-1885), un étudiant péruvien en dernière année de médecine, pour son courage, son goût pour la recherche et son sens de l’abnégation. Animé   par un humanisme hors norme, il s’inocula volontairement l’agent pathogène d’une maladie nommée « Verruga peruana », endémique des vallées tempérées inter-andines, afin de mieux en étudier l’étiologie, inconnue jusqu’alors. Cette expérimentation, qu’il payât d’ailleurs de sa vie, lui permit de démontrer que cette affection mortelle était en fait d’origine infectieuse et transmissible à l’homme. Carrión fut ainsi le précurseur de la nouvelle bioéthique qui veut qu’en cas d’expérimentation sur l’homme, celle-ci doit être pratiquée sur l’expérimentateur lui-même. En sa mémoire et à titre posthume, la « Verruga peruana », plus connue aujourd’hui sous le nom de « bartonellose », fut aussi baptisée “la « Enfermedad de Carrión ». En dernier lieu, Théodore Monod (1902-2000), un esprit éclairé bien que n’ayant pas été à proprement parlé un spécialiste de l’Amérique du Sud, honorable savant et humaniste français, inlassable voyageur et éminent spécialiste du désert africain, qui aura traversé pleinement le 20e siècle en homme libre. Je le considère comme l’un des plus grands naturalistes de son époque. Malgré son grand âge et sa cécité partielle, il m’avait honoré de son accord pour préfacer mon ouvrage. Bien que ce projet n’ait pu se réaliser avec sa regrettée disparition et avec le report de la parution du livre, je tiens ici à lui rendre un hommage appuyé et à le remercier pour ce grand privilège qu’il m’avait accordé.

Fort de ces modèles et de leurs préceptes, au prix de certains sacrifices, j’ai opté pour un choix fondamental en me fixant dès le début trois objectifs majeurs. En tant qu’autodidacte, respecter mes propres engagements et une certaine éthique personnelle, autofinancer mes recherches sur le terrain et mes publications. Ensuite, tester sur moi-même les effets de certaines envenimations en relativisant notamment « l’échelle de la douleur » de l’entomologiste américain Justin O. Schmidt ». Finalement, me rapprocher le plus possible de ce qu’avait coutume de dire Théodore Monod : « un véritable voyageur est celui qui souhaite faire progresser la somme des connaissances ». Si je me suis souvent mis en scène dans l’iconographie présentée et dans les vidéos intégrées, c’est juste parce que j’ai voulu directement faire partager mes expériences au travers de différentes pathologies que j’ai pu personnellement contractées ou des  envenimations dont j’ai été victime, volontairement ou non. Il en est de même pour les diverses difficultés rencontrées dans l’organisation et le déroulement de mes expéditions ainsi que pour les nombreuses expérimentations auxquelles je me suis livré avec les animaux venimeux ou vulnérants pour mieux en étudier le venin ou l’impact de leurs blessures.